mercredi 15 octobre 2008

La Grande Braderie

Une bonne nouvelle, que tout le monde connaît déjà: ça krache sur les places boursières, ça débande à fond dans la finance mondiale. C'est la grande braderie. 
Pourquoi une bonne nouvelle? parce que ça devait arriver, alors le plus tôt est le mieux. Les petits et les gros malins du capitalisme globalisé, les "génies de la finance", traders et autres éxités de l'argent ont tellement investi dans des Junk Bonds et autres Subprimes, en maniant des chiffres qui n'existaient pas, qu'il n'est nul besoin d'être un diplômé de Sciences Eco pour deviner que tout ça allait finir par imploser.

Il y a un an, Le Monde (8 oct. 2007) nommait l'Islande "Numéro 1 au palmarès du développement humain" (ça veut dire quoi, au juste?) puisqu' y fleurissait "l'hyperconsommation à crédit": aucune réglementation pour les banques, dont l'endettement atteignit 12 fois le P.I.B. Résultat: aujourd'hui, le pays tout entier est en faillite.
A New-York, le PDG de Lehman Brothers - un "petit bijou de l'ingéniérie financière" selon le journal Les Echos - s'est attribué en 3 ans 480 millions de dollars en salaires et bonus. Por redresser les banques mal en point, je suggère de nommer à leur direction artistes, Rmistes et photographes de presse indépendants. Eux, au moins, font des miracles avec le peu qu'ils ont.

Donc, la vraie bonne nouvelle, c'est que le monde reprend contact avec le réel. Et le réel, ce n'est pas la finance, c'est... le pétrole, bien-sûr!

Ici, à Bahreïn, la crise financière n'a fait qu'un seul gros titre dans les journaux de la semaine. C'était le 10 octobre, quand la bourse saoudienne a décroché de 9 points. Avant et après, black-out total. 
Non, le Moyen-Orient n'est pas immunisé contre la lèpre du siècle mais la censure a du bon, voyez-vous: pas de polémiques stériles, pas de vent de panique, peu de perte de confiance. A l'heure de la cloche de Wall-Street, une seule interrogation sur les lèvres: "Et le prix du baril?". Ici, lorsque l'or noir pointe à moins de 80$, on travaille à perte. Et donc on coupe les robinets. Le 10 octobre, il affichait 81,57$. La Lybie, d'ailleurs, a décidé crânement de laisser son pétrole sous terre jusqu'à ce que l'économie mondiale reprenne des couleurs...

Les monarchies du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Koweït, Oman et Qatar) connaissent un boom économique unique grâce aux recettes pétrolières générées par la flambée des cours. Certes, elles ont vu leurs Bourses chuter fortement à l'annonce de la faillite de Lehman Brothers et de la baisse du prix des hydrocarbures (pertes boursières estimées à 200 milliards de dollars depuis la mi-septembre). Les investisseurs échaudés se sont tournés illico vers leur propre marché: No place like home!
Comme les capitaux à placer dépassent largement les opportunités d'investissement sur place, force est pourtant de se tourner vers l'étranger. Les monarchies pétrolières du Golfe restent en toute discrétion, avec les pays d'Asie, les plus gros investisseurs étrangers aux Etats-Unis, notamment dans le secteur bancaire. Oncle Sam ferait bien de se mettre à l'arabe et au chinois.

J'ai lu certains expert européens sonnant le glas du capitalisme. Oserais-je les qualifier de "narrow minded"? C'est vrai, les Etats-Unis sont passés de USA à USSA! Quant à l'Islande, n'en parlons plus. Mais ici, dans le golfe, les bons du Trésor américain et les Private Equities s'acquièrent plus que jamais à la vitesse d'un click. 
"Business, as usual!".




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Prise de tête:

"The reasonable man adapts himself to the world. The unreasonable one persists in trying to adapt the world to himself. Therefore, all progress depends on the unreasonable man". George Bernard Shaw (1856 - 1950)