vendredi 11 mars 2011

Danse tribale


Et ça (re)commence...

Aujourd'hui, jour de repos hebdomadaire, quelques milliers de manifestants (50.000?) contre le régime monarchique actuel, se sont réunis entre sermon de midi et prière du soir, pour manifester - non pas au Rond-Point de la Perle, terrain conquis- mais à Riffa.
(Ci-contre: Pro-gouvernementaux à Riffa, décidés à defendre eux-même leur quartier contre les manifestants contre-régime)

Quelle drôle d'idée! Elle a d'ailleurs été immédiatement condamnée ou fortement déconseillée par tous les partis modérés de l'île, y compris par Al Wefaq, le parti d'opposition qui détient 18 sièges au Parlement: "Ce serait une menace pour la sécurité des Bahrainiens et pour la paix sociale". Car Riffa, le quartier des Sunnites privilégiés de Bahreïn, est aussi le lieu de résidence des membres de la famille royale. C'est aussi là que se niche la Cour Royale de leurs majestés Al-Khalifa.

Pourtant, les manifestants ont bien réussi leur marche et leur pari. En plein bastion pro-gouvernemental, sous les regards lourds de leurs compatriotes Bahrainis sunnites, ils ont pu clairement et calmement exprimer leur volonté d'un changement de régime, d'un remaniement gouvernemental total et démocratique - irait-on jusqu'à dire... utopique?

Pour les 200 policiers postés entre les deux groupes, dos au Palais, ce fut moins drôle. Notamment lorsque les tirs de pierres entre les deux factions politiques ont commencé: shiites d'un coté (pacifiques mais agiles au tir de pavé) et sunnites de l'autre (simples "sportifs" maniant le club de golf, la batte de baseball et le sabre d'apparât avec zèle).

Il fallut ressortir l'artillerie légère: tirs de gaz lacrymogènes, balles latex et tutti quanti.

Résultat: 150 interventions médicales pour problèmes respiratoires, coups et blessures mineures, et AUCUNE VICTIME! (chiffres non vérifiés). Bien fait pour la presse!

(Ci-contre: Pro-gouvernementaux à Riffa aujourd'hui, décidés à defendre eux-même leur quartier contre les manifestants contre-régime)

Car, voyez-vous, il est de bon ton, parmi les cercles les plus cultivés du pays, de clâmer que la presse internationale fait mal son travail: trop sensationnaliste, pas assez impartiale (ce qui n'est pas toujours faux, il faut le reconnaitre). Mais que dire de presse locale, sourde, aveugle et muette?
Ici d'ailleurs, on les met vite au pli ces journalistes colporteurs d'une mauvaise/fausse image de Bahrain. Aujourd'hui même, Johnny Miller, cameraman de la presse britannique, a été "molesté" par un groupe de 300 à 400 pro-gouvernementaux qui ont chercher à lui apprendre la marche à suivre pour l'obtention d'un reportage plus "impartial" en lui détruisant ses prises de vues.

Comme me l'écrit un clairvoyant et très impartial ami expat à Bahrain: "Tu n'as pas le droit de colporter ces images. Comment sais-tu que ces hommes ne sont pas en train d'effectuer une danse traditionnelle devant le palais Royal"? J'adore l'humour portugais.

Un exemple de "brèves de comptoirs" à Bahreïn, ces jours derniers: "Comment, mais voyez vous, le monde doit savoir: ce n'est pas l'Egypte ou la Tunisie ici! Le peuple de Bahreïn est gâté, privilégié... Chaque citoyen obtient 1000 BD à son mariage, et même une maison, nous vivons dans une économie riche. Il faudrait savoir: soit on veut le confort, soit on veut la Liberté!"
No comment.




















Prise de tête:

"The reasonable man adapts himself to the world. The unreasonable one persists in trying to adapt the world to himself. Therefore, all progress depends on the unreasonable man". George Bernard Shaw (1856 - 1950)